La météo annoncée nous indique 3 à 4Bft NNO sur les 24h00, alors que demain il ne sera que de 2 Bft dans notre région.
Nous décidons de profiter de cette fenêtre météo pour remonter la Manche.
La marée monte encore quelques heures et nous donne un courant contraire variable entre 1 et 3 nœuds.
Il est déjà 13h00 quand nous atteignons le large. Arwen papillonne de ses voiles en ciseaux jusqu'à la passe au sud de la pointe de Selsey.
Le courant est au plus fort... 4 nœuds.... contre :-(
Ce dernier devrait s'inverser peu après Brighton ce qui nous permettrait de poursuivre avec le deuxième dès Dungeness.
Le ciel nous gratifie de ses plus beaux nuages avec toutes ses nuances de gris foncés. La mer est verte émeraude. Ce tableau est une merveille de la nature.
21h00. Je reprends le quart de Filip qui me fait le point sur la situation.
Le vent de terre nous donne une mer plate. Beachy Head est bien en vue et Arwen file au travers entre 6 et 7 nœuds.
Arrivé au cap, Eole devient variable et je le suis de la barre. Arwen s'écarte doucement vers le SE quand tout à coup la gîte arrive brusquement. Le log commence à grimper... 6, 7, 8 nœuds.... un petit réglage au niveau des voiles et Arwen file au beau plein directement sur Dungeness. La vitesse sur le fond me donne des frissons variant entre 9,5 et 10,5 nœuds. La concentration est de mise pour éviter les petits pêcheurs qui de temps en temps flash d'une lumière blanche pour se signaler. Je réponds de la même manière. Ils sont rassurés.
Filip me rejoint. Je n'ai pas vu le temps passé tellement ce quart étant prenant. Il est minuit. On profite ensemble encore une bonne demi heure avant que je me force à rejoindre Morphée.
Marie Anne s'est endormie dans le carré. Filip est aux commandes de notre étoile filante. Je suis serein et m'endors instantanément sachant qu'une fois à hauteur de Douvres, nous ne serons plus protégé d'un vent de terre tout en rejoignant la queue de la dépression située au Danemark soulevant la mer car le courant est contre le vent.
3h00 - Toujours entre 9 et 10 nœuds sur le fond, Arwen est en approche de notre traversée du rail. Éole s'est renforcé comme prévu. Je reprends le quart et Filip m'accompagne encore pour prendre un ris dans le génois avant d'aller se reposer.
L'abatée peut commencé. C'est du travers au grand largue qu'Arwen commence la traversée dangereuse perpendiculairement au rail conformément à la réglementation internationale sous peine de fortes amendes. L'AIS me signale plusieurs routes de collisions et les gueulantes d’Éole me font prendre un ris dans la grande voile.
J'évite jusqu'à trois super container en remontant même au près en attente d'être doublé dans le rail montant pour reprendre le bon cap. La pluie se mêle aux manœuvres. Je vis pleinement cette navigation qui devient très sportive dans cette houle frappant Arwen sur bâbord tout en ayant une pensée pour Filip qui doit être très secoué dans la cabine avant.
6h00. Filip reprend le quart. Calais est sur tribord et le chenal menant à Dunkerque est en vue alors qu'Arwen maintient sa vitesse telle une fusée.
8h00. Marie Anne me réveille car non seulement on est en approche de Dunkerque, mais Arwen traîne un bidon plastique attaché à un bout à quelques mètres de notre poupe.
Filip prévient le port de Dunkerque car nous serons peut-être pas manœuvrant si le bout venait s'enrouler sur l'hélice quand on sera au moteur. On parvient à couper le bout mais on ignore encore si un morceau y est encore accroché.
C'est sous voile que nous entrons dans l'avant port. Nous enroulons le génois en se mettant bout au vent avant de mettre le moteur en marche suivi d'une rapide marche arrière pour tenter de libérer l'éventuel intrus.
La GV est affalée rapidement et nous poursuivons notre entrée. Une vibration se fait quand même sentir au niveau de la barre. Yanmar tourne à 1.200 t/min. La capitainerie est avisée et deux employées très sympathiques nous attendent au ponton indiqué pour une assistance éventuelle. Un grain accompagné de rafale nous rattrapent mais nous accostons juste avant le déluge.
Arwen aura parcouru 150 MN en 20h00, soit à une moyenne de 7,5 nœuds. Je n'en reviens pas....
Après une petite sieste, c'est sous le soleil que j'enfile la combinaison de plongée (4mn) pour vérifier ce qui se trame sous la coque. C'est en apnée que le travail devra se faire car il manque un joint d'étanchéité au détenteur pour être accouplé à la bouteille.
Nous sommes à l'étale. Le moment est propice. L'eau ne me semble pas trop froide. J'embarque au poignet un couteau et une pince. Après quelques apnées, Arwen est enfin libéré. Le bout s'était noué à l'hélice et en partie sur le coupe orin qui a probablement agit pour éviter qu'il ne bloque l'arbre d'hélice.
Ni une ni deux, il nettoiera les fonds à l'eau douce qui seront séchés à la chaufferette en ventilant le bateau pendant que je rédige votre blog préféré ;-)
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