jeudi 20 juin 2013
B to B
Faute
de temps et de météo favorable, Marica restera à Brest jusqu'au
prochain équipage qui le conduira à Blankenberge.
Je
tiens à souligner l'exploit de mes équipiers (65-66 et 67 ans) qui
m'ont aidé à gérer cette transatlantique difficile et plus
particulièrement Jacques qui est handicapé d'un bras.
Jacques
s'était donné comme objectif de nous faire la cuisine. Il s'était
même entraîné chez lui à faire du pain. Durant notre voyage, il
s'est présenté sous les diverses casquettes de cuisinier,
boulanger, mécanicien et même couturier.
Je
remercie aussi notre routeur, Fabrice, qui dans les moments
difficiles nous suivait jour et nuit pour nous guider afin d'échapper
au mieux aux dépressions successives.
Une
pensée aussi pour le voilier « Grain de Soleil », happé
par une méga dépression, qui a disparu le 24 avril 2013 au large
des Açores. Nous avions appris cette triste nouvelle à notre
arrivée à Horta. Cette tragique histoire nous rappelle les dures
lois de la mer.
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2013_05 Brésil to Belgium
Arrivée à Brest
20/06/13
– 6h00 GMT – 87 MN
N'ayant
qu'un vieux Reeds à bord, j'ai contacté Fabrice afin d'avoir les
heures de marées pour évaluer les courants auxquels nous serons
confrontés. Nous poursuivons voiles et moteur afin de profiter au
mieux des courants
La
mer et le vent se calment doucement durant la nuit et nous espérons
atterrir au levé du soleil.
Un
pigeon épuisé vient se réfugier sur la bateau. Il accepte l'eau
douce que je lui donne et passera la nuit à bord avant de repartir
peu avant notre arrivée.
Nous
n'avons que 3 MN de marge pour passer la chaussée de Sein en la
laissant sur tribord. Pour une fois, nous pensons que tout nous
devient enfin favorable. Mais à 1h00 une alarme sonore moteur nous
rappelle à l’ordre. Aucun témoin d'alarme ne s'allume.
Le
contact est coupé immédiatement et on teste les voyants lumineux.
Celui du refroidissement ne s'allume plus. Je vérifie le circuit en
commençant par le panier à salade qui est toujours plein. Le moteur
est remis en marche et il crache de façon normale alors que l'alarme
chante encore.
C'est
sous voile uniquement que nous continuons afin de laisser refroidir
le moteur pour vérifier le niveau de l'échangeur. Après une heure
d'attente, je vérifie le niveau qui est bon.
Je
pense alors aux paquets de mer qui ont attéri sur le boîtier du
contact moteur dans le cockpit. En effet les rails du plexiglas de
protection étaient décollés depuis le Brésil et nous ne l'avions
pas remis en place. Je compte démonter le boîtier pour le sécher
dès l'apparition du soleil, du moins de son levé.
Les
équipiers profitent de ce calme pour récupérer profondément dans
les bras de Morphée.
Une
multitude de feux apparaissent un peu partout. J'identifie le phare
de la pointe de Saint-Mathieu afin de tracer ma route parmi les
autres feux lumineux. Plus que 10 nœuds de vents et nous poursuivons
à 5 nœuds sur le fond avec les courants Ce dernier nous
accompagnera jusqu'au goulet de la rade où il s'inversera.
Avant
de démonter le tableau, je réessaie..... plus d'alarme. Le contact
a dû sécher.
Nous
atterrissons au port du Château à 6h00 GMT, soit 8h00 heure locale
après 1.313 MN et 11 jours de mer depuis Horta.
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mercredi 19 juin 2013
Gascogne nous voilà
Train
et jeux des dépressions
15/06/13
– 12h00 GMT – 137 MN
44°.40'.03''
N – 14°.51'.26'' W
On
a bien avancé sur notre route. Mes yeux sont rivés sur le
baromètre, la mer est encore belle.
14h00,
l'iridium sonne, c'est Fabrice qui préfère nous parler de la
situation météorologique que d'envoyer un sms. Il nous annonce
d'emblée que la dépression annoncée se renforce à 9 Bft (45
nœuds) et croise notre route. Elle se dirigerait vers le sud est. On
prend l'option Ouest malgré le fait que ce ne soit pas une route de
fuite avec les vents portants. Nous sommes au près dans 20 nœuds et
les creux qui se forment.
19h00,
Fabrice rappelle et nous signale que la dépression est très mobile
et qu'elle va plein sud. On vire de bord, route de fuite vers la
Corogne qui se trouve à environ 280 MN. On a donc de l'eau à courir
sans trop de danger.
Les
cabrioles commencent en début de nuit. On a réduit un maximum,
laissant un tout petit bout de génois pour se diriger. Je rappelle
les consignes de sécurité. Si Éole montait au delà de 35 nœuds,
on se mettra à la cape. On fait un petit test qui est concluant mais
la mer n'est pas encore trop formée.
Personne
ne parvient à dormir, les estomacs sont noués au point d'avoir
sauter le repas du soir. Tout le monde est équipé pour une
éventuelle manœuvre urgente.
Je
fais le point toutes les demi-heures sur les instruments de
navigation et sors ma tête dans le cockpit pour bien se rendre
compte du comportement du bateau. Tout va bien, alors que cela fait
déjà quelques heures que Marica se dandine en surfant dans un vent
soutenu entre 25 et 30 nœuds (7 bft). On teste ensuite la cape
fuyante à sec de toile pour ralentir le bateau. Le fardage de la
capote est bien suffisant. Le pilote est réglé sur « Wind »
au très grand largue.
Ce
n'est que vers 8h00 du matin que le baro remonte d'un millibar par
heure jusqu'à 15h00.
Ouf,
elle est passée juste dernière nous. On est vanné.
16/06/13
– 12h00 GMT – 89 MN
44°.29'.46''
N – 13°.22'.70'' W
La
mer est trop formée pour pouvoir faire du cap vers la pointe de la
Bretagne. On laisse la cape sèche qui nous pousse encore à 4 nœuds
Cela nous permet de manger et dormir un peu. Nous attendons un point
météo avant de décider de la traversée du Gascogne ou de se
réfugier à la Corogne.
Fin
d'après-midi, Fabrice nous signale que nous pouvons faire la
traversée. Une dépression du même type que la précédente se
situe quand même au sud de l’Angleterre et il faut la surveiller.
C'est
par vent de travers que l'on commence la remontée. La houle est
coriace et envoie la poupe déraper sèchement au point que Jacques
qui est en cuisine est envoyé violemment sur le four. Son genou
cogne la vitre, type « securit », qui se brise. Il n'est
pas blessé.
Vers
20h00, on croise un Class 40 de compétition qui revient des
Antilles, Marie Galante (Guadeloupe), en route pour la Rochelle sans
escale. Il nous appelle sur VHF en choisissant un canal autre que le
16 pour poursuivre notre conversation.
Le
nom du bateau est AJT ou Agitée (comme la mer). Il fera la course
Sable d'Olonnes – Horta et retour en juillet prochain et la Jacques
Vabre plus tard dans la saison sous le numéro 89. On en profite pour
un point météo sur les dépressions. Il nous annonce que celle du
sud de l’Angleterre se renforce dans un axe nord – sud. Bloqué
par un anticyclone dans le golfe de Gascogne, elle descend sur la
Corogne. Il nous conseille vivement de faire de l'EST vers le golfe
et de maintenir une vitesse supérieure à 6 nœuds pour y échapper.
Il nous calcule même un routage pour les 2 jours qui suivent. Merci
au skipper d'AJT, le bon samaritain croisé au milieu de nulle part.
La
nuit se passe sans soucis à la vitesse recommandée.
17/06/13
– 12h00 GMT – 136 MN
44°.59'.56''
N – 10°.37'.47'' W
Le
ciel est très chargé, le baro a chuté et on surfe dans du 20 à 25
nœuds au portant. On pense qu'elle est derrière nous ce qui sera
confirmé par Fabrice dans l'après-midi.
Le
vent passe au NE et s’établit à 20 nœuds avec rafales jusqu'à
28 et la mer se creuse de plus en plus. Pas de chance, c'est juste
notre route. Fabrice nous dit que la météo est instable,mais que
pour Brest cela pourrait aller. Éole devrait passer au N puis NO
demain.
On
croise un cargo vers 16h30' et par radio VHF, je lui demande dans un
anglais approximatif un bulletin météo global sur les dépressions
qui devraient arriver. Il nous confirme que la prochaine est au sud
de l’Angleterre et qu'elle va vers le S - SE. Donc pour nous il
faut encore faire de l'E et du NE quand le vent le permettra.
Patience....
Une
leçon à retenir. Ne jamais virer de bord au près sans prévenir le
cuisinier..... ça gueule ;-)
Désolé
Wanda, je ne le ferai plus.
18/06/13
– 12h00 GMT – 120 MN
46°.02'.14
N – 8°.29'.54'' W
Ce
n'est que vers 2h00 que le vent vire au N et puis NO tout en se
calmant un peu, laissant encore une houle croisée et une mer agitée.
Marica
réglé au vent, le suit naturellement et on se dirige globalement
vers Brest toujours au près.
Notre
voilier a perdu la protection du feu de navigation tribord (vert). Un
couvercle de tupperware fera l'affaire dès que possible.
L'AIS
nous montre le trafic maritime qui s'intensifie, mais la visibilité
actuelle est de 3 MN sous un crachin Breton.
Le
ciel est gris. Il pleut. 20 nœuds de vent et toujours au près.
Wanda
nous fait un magnifique pain.
Suite
aux conditions météo, une escale à Brest est envisagée. De toute
manière on ne peut, actuellement, remonter plus au nord vers
Ouessant.
19/06/13
– 12h00 GMT – 130 MN
47°.30'.35''
N – 6°.16'.35'' W
On
est dans l'obligation d'appuyer au moteur pour avancer toujours au
près avec une mer très formée et croisée. Éole joue la flûte
enchantée entre 20 et 25 nœuds avec ses rafales à 30.
Cela
fait plus d'une semaine que tout reste humide dans la bateau
tellement les embruns salés pénètrent par les capots qui ne sont
pas étanchent. Les matelas, sacs de couchage et vêtements ne
parviennent pas à sécher. Le froid humide nous glace nos os durant
la nuit.
On
passe la plateau continental où les fonds de 4000 m montent très
vite à 120 mètres, ce qui génère aussi un soulèvement de la
houle.
Un
petit rayon de soleil donne une couleur turquoise à l'océan, mais
cela ne dure pas.
La
force du vent augmente cet après-midi et on se traîne à 3 nœuds
sur le fond.
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vendredi 14 juin 2013
Yes we go
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Yes we go
10/06/13
– 12h00 GMT- 111 MN
38°.43'.40''
N – 26°.33'.61'' W
Encore
un petit mot pour souligner la solidarité des marins de passages à
Horta. Je voulais remercier Marc (Bordeaux) passionné de Baleines,
Jean (Belon), Adrian et son épouse (sud ouest d'Angleterre) pour
leur aide et conseils.
Nous
quittons cette super ambiance à 15h00, Marc nous dit encore que l'on
aura 20 à 25 nœuds de vent au portant. Cool.
Nous
remontons pour passer au nord des îles, afin d'avoir moins de mer,
la houle étant ouest-sud ouest dans un bon flux entre 15 et 20 nœuds
Le ciel est très chargé. Arrivé à la pointe NW de Ilha De Sa
Jorge tout se renforce au point que nous devons affaler la GV qui
était déjà à trois ris. Marica surfait jusqu'à 9,9. Pendant
cette manœuvre au pied du mât, je me fais arroser copieusement. Je
suis trempé d'eau de mer. Brrr...
Éole
siffle dans les haubans entre 25 et 30 nœuds avec de temps à autre
ses hurlements à 36. La mer se creuse de plus en plus. Le baro chute
de 6 millibars en 5h00....
C'est
quoi cette météo !!! Une dépression passait bien au nord des
îles, mais rien n'indiquait son entrée, ni même un avis de coup de
vent qui aurait pu être signalé à la Marina.
Nous
visons le sud de L'Ilha Terceira où l'on peut s'abriter le cas
échéant. Vers 2h00 tout se calme sauf la houle résiduelle.
Marica
a passé son test grosse mer avec mention ralenti moi et tout ira
bien ;-)
Au
levé du jour, je croise un bateau militaire qui se rapproche de
Marica, peut-être pour un contrôle visuel.
Plus
de vent durant une grande partie de la journée, mais des dauphins à
profusion comme pour nous souhaiter un bon voyage.
11/06/13
– 12h00 GMT – 117 MN
39°.28'.87''
N – 27°.15'.78'' W
La
houle croisée est toujours présente alors qu'il n'y a plus de vent.
Vétus prend le relais. Nous faisons route vers l'Est pour échapper
aux trains des dépressions, mais nous devons aussi faire du Nord
pour éviter les vents du nord longeant la côte portugaise. Un
compromis judicieux.
Une
petite dépression était prévue pour aujourd'hui, mais elle est
remontée plus vite au nord.
Vers
16h00, nous sommes rattrapés par la suivante, plutôt sa crête avec
son SW de 20 à 25 nœuds qui nous permettra de garder une bonne
moyenne. Nous naviguons à la hollandaise pour la nuit, juste avec le
génois qui s'enroule facilement au cas où Éole aurait une crise.
Les
quarts à trois sont plus éprouvants et le rythme n'est pas encore
bien réinstallé.
12/06/13
– 12h00 GMT – 131 MN
40°.45'.33''
N – 21°.57'.88'' W
Au
petit matin, nous devons à nouveau nous appuyer du moteur pour
avancer. C'est une journée globalement ensoleillée avec quelques
passages nuageux.
Wanda
nous concocte une volaille bourguignonne, en d'autres termes, un coq
au vin. Soit... c'était très bon.
Fabrice
annonce via l'Iridium les dépressions que l'on ne pourra pas éviter.
La première pour demain et l'autre pour le 16 juin normalement.
13/06/13
– 12h00 GMT – 129 MN
42°.06'.78''
N – 19°.44'.71'' W
Je
surveille le baromètre. Éole grimpe gentiment en flirtant avec 20
nœuds, toujours au portant.
Le
souffle se fait de plus en plus fort et nous devons affaler la GV et
l'artimon suivra un peu plus tard.
20h00',
7Bft bien établi, 10 nœuds de plus qu'annoncé. C'est courant et on
s'y fait. Mais on nous a annoncé 30 nœuds....
Philippe
prend son quart à 21h00. L'océan se creuse de plus en plus et vers
minuit le bateau gîte d'un coup sec et puis revient avec
suffisamment de force pour me faire décoller de la couchette et
retomber à coté. Je suis groggy. J'entends crier « Fred ».
Je cherche ma lampe frontale que je ne trouve pas. Il faut allumer la
lampe de la cabine pour que je retrouve mes petits, mais
l'interrupteur du tableau électrique n'est pas enclenché. Marica
danse la java se jouant de notre confort.
Je
parviens à m'habiller à moitié, gilet et sur le pont. Un coup
d’œil sur le baro qui est en chute libre me confirme le passage de
la dépression.
Éole
hurle jusqu'à 35 nœuds, le pilote ne s'en sort plus tellement les
creux poussent la poupe de travers.
Je
me ramasse une vague... nous sommes au près... pas normal. Bien
trempé, on réduit le génois à la surface d'un string. Celui-ci
peut passer d'un coté à l'autre sans problème.
Afin
de gérer la fatigue de l'équipage, je renvois Philippe et Jacques
aux couchettes.
Les
fruits du filet tendu au milieu du carré ont fait l'école du
cirque. Mais sans filet. Wanda préconise d'ouvrir la table pour se
protéger de la prochaine attaque des tomates.
Autour
de moi se déroule un balai en trois actes, le chant d’Éole
accompagné du grondement des vagues suivi des grincements de Marica
qui doit se faufiler dans ce chaos aquatique.
Les
rouleaux sont fluorescents par le remous du plancton. Un superbe jeu
de lumière me les situe. Tantôt très haut, tantôt très bas. J'ai
du mal à évaluer les creux. Mais, ils sont plus haut qu'un
étage.... L'anémomètre monte régulièrement à 38 et nous sommes
en vent apparent avec des surfs entre 8 et 10 nœuds
Une
fine bruine glacée vient couronner mon espace. L'empannage est
régulier avec le string en fonction des creux qui envoient Marica
sur bâbord ou tribord. Le pilote n'arrête pas de « shifter ».
Déjà
4h00, Éole joue encore dans un bon 6 bft mais la tendance s'inverse
vers le bas. J'appelle Wanda pour la relève. Avec un petit peu plus
de génois, Marica trace sa route dans cet océan encore perturbé.
14/06/13
– 12h00 GMT – 126 MN
43°.18'.48''
N – 17°.24'.00'' W
Les
montagnes russes sont toujours d'actualité, quoique Éole préfère
nous épargner maintenant tout en nous réservant une surprise. Nous
appuyons du moteur pour garder nos 5 nœuds sur le fond.
Notre
Monsieur Météo, Fabrice nous annonce que la prochaine dépression
sera du même acabit à celle vécue. Il n'y a aucun moyen de
l'éviter. Elle ira même lécher la Corogne.
On
s'y prépare psychologiquement tout en profitant de cette belle
journée. Priorité au séchage des vêtements, sieste de
récupération et bonne bouffe.
Wanda
nous fait son cassoulet brésilien. Un grand secret.... hummm
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dimanche 9 juin 2013
Escale à Horta
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