Samedi
1/06/13 – 12h00 GMT – 110 MN
32°.42'.97''
N – 33°.58'.51'' W
4h00,
je ne tiens plus dans ma couchette et je rejoins Wanda pour commencer
le diagnostique.
Marica
se balade à un petit 3 nœuds au gré d'un léger petit vent. La
houle est comme un immense tapis volant qui n'arrête pas de faire de
longues ondulations. Paysage une fois plus magnifique.
Le
PC est allumé, fichier Vetus M4.17 ouvert et on relis une fois plus
tout le système d'alimentation du carburant. Je finirai par le
connaître par coeur. Le mécano de la station service du coin est en
vacances, l'école de la débrouille est de mise.
On
commence par changer tous les filtres (carburant, séparateur d'eau
et pompe d'alimentation). Le filtre à carburant est rouillé à son
embase. Pas moyen de le dévisser. Je le perce pour y arriver.
Je
remplis le nouveau filtre de gasoil avant sa remise en place. On
purge le système. Vetus démarre
et garde son régime..... mais une fois le filtre vide, il
gargouille.
Wanda
teste alors la pompe électrique de carburant. Le débit à l'air
faible à sa sortie, soit à l'entrée du filtre à carburant. Il
prend une bouteille en plastique qu'il rempli de gasoil et à l'aide
du tuyau flexible, il alimente la pompe en directe. Ça marche.
La
panne proviendrait en amont de la pompe. Une prise d'air entre le
réservoir, le filtre de séparateur d'eau et la pompe. La tuyauterie
est d'époque et quelques raccords sont resserrés On teste une fois
de plus....bredouille.
Nous
ne disposons pas suffisamment de tuyau d'alimentation souple pour
refaire le circuit. Alors, Wanda y met un jerrycan de 30 litres en
directe avec le tuyau de retour.
Nous
pompons à nouveau tout le gasoil du réservoir vers les jerrycans
pour alimenter le nouveau système.
Il
est déjà 10h00 mais le moteur ronronne comme une horloge.
Autre
petit stress, la météo nous prévoit 5 à 8 nœuds de vents
jusqu'au 4/6. Il nous reste environ 400 MN jusqu'à Horta et 190
litres de diesel. A 5 nœuds cela nous fait 80 heures. Pour couvrir
cette distance, le moteur ne peut consommer plus de 2,375 l/h. On
fixe son régime à 1400 t/min aidé des voiles de Marica et on
verra....
On
a adoré la choucroute de ce soir ;-)
Dimanche
2/06/13 – 12h00 GMT - 118 MN
34°.20'.67''
N – 32°.33'.86'' W
Notre
système tient bien le coup. 2H30', Philippe me requiert pour
l'alimentation du jerrycan mère.
On
tourne à environ 1,8 l/h. Cela nous rassure car la pétole est bien
installée.
Un
petit brin de causette dans le cockpit tout en admirant ce ciel
étoilé avant de rejoindre ma couchette pour 3h00'.
De
retour pour mon quart, j'ai eu le privilège d'un levé du jour
exceptionnel. Un dégradé de bleu foncé au dessus du mât, allant
vers un bleu clair vers l'est, jusqu'à la rencontre des tons orangés
très prononcés des premiers rayons de soleil.
L'océan
se repose avec Eole, laissant une mer d'huile légèrement ondulée.
Quelques dauphins autour du bateau et une cohorte de méduses
« velha » qui par mer calme viennent en surface, relèvent
une membrane servant de voile en demi-cercle dont la collerette est
rosée. Une véritable mini régate se déroule sous nos yeux. Pour
l'anecdote, Michel les avaient déjà remarquées il y a deux jours.
Il pensait que c'étaient des bouts de plastiques flottant en voulait
aux pollueurs éventuels.
Le
soucis du jour : un coulisseau de la GV est bloqué et on ne
peut plus la descendre sans monter au mât. C'était déjà le cas
avec la drisse de l'artimon.
L'entrée
d'eau dans le bateau a été déterminée avec certitude. C'est le
presse étoupe à l'arbre d'hélice qui n'est plus étanche. 60
litres en moyenne par jour d'infiltration.
Pétole
sera notre météo avec son ciel bleu et son soleil radieux. la
journée sera farniente sur le pont, bronzette, lecture, apéro, de
véritables vacances comme les femmes les aimes.
Bon,
on a quand même quelques corvées quotidiennes, vider les cales,
alimenter le jerrycan de gasoil, cuisiner et la vaisselle. Et bien
entendu, sous la direction du grand chef Wanda, Michel le commis
pétrit le pain à merveille.
Pour
finir :
Quelle
est la probabilité de rencontrer une tortue au cœur de
l'Atlantique ? ......
Nous
en avons vu deux qui respiraient en surface. Elle n'est pas belle la
vie :-)
Lundi
3/06/13 – 12h00 GMT – 126 MN
36°.01'.80''N
– 31°.03'.10'' W
Ma
nuit sera entrecoupée par la corvée gasoil et par le quart. Mais je
profite à chaque fois de ces rendez-vous avec la nature pour
ressentir une immense quiétude.
Fidèle
à la météo envoyée par Filip, Éole se réveille entre 8 et 13 nœuds S-SW. Haut sur coque, Marica rythme son roulis au gré de la
houle qui parfois s'amplifie de façon très désagréable. Une queue
de dépression devrait arrivée du nord.
Nous
changeons d'amure, au grand largue, déportons le génois avec une
poulie, GV avec retenue de bôme, ouverture maximum de l'artimon
toujours appuyé légèrement avec le moteur.
Il
pleut et Philippe est le premier a faire son quart en ciré et en
short durant deux heures. Ensuite, c'est à mon tour. L'océan se
forme de plus en plus avec les sauts d'humeur d'Eole qui grimpe
parfois jusqu'à 28 nœuds et qui, en une fois, vire au N-NE. Nous
voilà à nouveau au près, dans une mer hachée, la houle n'ayant
pas suivit le vent.
La
nuit se fait entre 5 et 6 Bft et Marica se transforme en lessiveuse
pour nous empêcher de dormir.
4/06/13
– 12h00 GMT – 123 MN
37°.30'.67''
N – 29°.18'.55''
Nous
ne parvenons plus à rester sur notre route et la dérive est
importante. Les Açores semblent intouchables et se méritent en
luttant avec les éléments qui nous entourent.
Il
a fait froid cette nuit, 14°C. La fatigue est installée sur les
visages. Michel a à nouveau des nausées.
Lors
de mon quart de fin de nuit, afin d'avoir des forces, je me cuisine
des flocons d'avoine (Quaker) avec du lait, du miel et des raisins
secs. L'estomac est maintenant bien calé pour affronter cette mer.
Éole
est infatigable et garde sa vigueur nocturne dans un océan toujours
aussi défoncé, mais cette fois sous un ciel bleu azur et un soleil
bienveillant. Tout le monde essaie de récupérer au mieux dans ces
conditions.
Je
vois encore une tortue qui fait la brasse, tête hors de l'eau pour
respirer entre deux creux immenses. Incroyable.....
Quelques
dauphins viennent aussi jouer avec notre étrave.
La
journée se termine par un repas que Wanda nous prépare, soit des
lentilles avec oignons et saucisses fumées.Vivement du frais...
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