Sur un bord hauturier, tu te laves, tu manges et tu dors quand c'est possible. Ce que tu parviens à manger, tu le vomis une fois sur quatre (moyenne personnelle). Les séances de bronzette ne sont absolument pas garanties entre le Nord de la France et le Sud de l'Angleterre, et ce même en plein mois d'août. Tu ne te maquilles pas. Tu n'assortis pas tes vêtements. Entre les vestes de quart rouge, les cirés jaunes, les gi!ets de sauvetage et les t-shirts déformés par l'humidité, c'est la fête du moche tous les jours. Amis lecteurs, soyez avertis, vos facultés d'adaptation sont sollicitées au maximum. Mais – et c'est là que réside un mystère – la mer est si ensorcelante que tu en redemandes...
Ces longues heures, avec rien d'autre à faire que penser, m'ont replongé dans les méandres de mes souvenirs. J'explorais avec délectation le royaume de mon enfance. Avec le même plaisir, je me projetais dans un avenir plein de promesses. Moments de sérénité rares et précieux. Je ne me suis jamais sentie aussi connectée à mon existence mais à contrario, aussi déconnectée de mon quotidien bruxellois. Je pense que c'était des instants de pur bonheur.
Bonheur rythmé par la joie des premières fois: premier quart de nuit, premiers dauphins, premier coucher de soleil, et puis, le sentiment précieux d'avoir accompli un exploit une fois la Terre en vue.
Voyager en bateau permet d'appréhender le monde tel qu'il est: petit! Nous avons que trop brièvement profité de la bonne humeur espagnole et de leurs délicieuses tapas et de la joie, non négligeable, de marcher en tongs.
Le cap est mis sur la Bretagne. Les paysages sont tels que je me les imaginais... Entre pluie et soleil se dessine une nature pure, sans faille. Les bretons – que les caprices des saisons ont rendus solides – ont le cœur sur la main. A l'image d'Hervé, notre maître équestre, qui partageait avec enthousiasme son amour des chevaux, de la mer et de sa région. Et comment ne pas évoquer leurs délicieuses crêpes au blé noir? Incontournable.
Un quart de nuit plus tard, nous voici en Angleterre. D'abord à Cowes où nous accostons modestement aux côtés des régatiers. Les anglais ont le sens de la fête. La Guiness et le Strongbow coulent à flot alors que les codes vestimentaires nous fascinent, frôlant l'extravagance, voire la décadence mais ici, la tolérance semble régner en maître. British style oblige, nous goûterons à la gastronomie locale: fish and chips et hamburgers.
Deux semaines... Un voyage... trois pays, trois cultures...
Le convoyage touche à sa fin. Nous faisons cap sur Dunkerque mais nous profiterons à peine de la convivialité ch'tie. L'escale sera courte. Nous rejoindrons la mère patrie demain. D'autres joies m'attendent à Bruxelles. Le plaisir de raconter cette incroyable aventure à mes amis et à ma famille, de nouveaux challenges professionnels mais surtout... Surtout, ma salle de bain et mon lit!
Barbara Bertiaux
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